Sur le chemin que je prends pour aller au boulot à vélo, il y a un passage à niveau. Il n'est pas souvent fermé mais quand il l'est, c'est pour un moment ; sur cette voie circulent des trains de marchandise, longs et lents.
Je pourrais passer ailleurs, bien sûr, mais pas sans un détour d'un ou deux kilomètres pour lequel je n'ai clairement pas le courage. Une fois tous les quinze jours en moyenne, la barrière est fermée, les véhicules à deux roues se massent devant, et les gens qui sont dessus attendent.
Attendent, et se sourient.
Je ne vais pas vous vendre un rêve : il y a pas que de la complicité joyeuse dans ces moments, il y a parfois de l'agacement partagé, surtout le matin quand les dix ou quinze minutes d'attente (lilloises, pas marseillaises : j'ai déjà chronométré !) peuvent mettre les gens vraiment en retard. Tout de même, le plaisir de voir qu'on n'est pas seul·e à attendre côté bande cyclable (en quatre ans de vélotaf, je vois le nombre de gens amassés devant le passage fermé augmenter doucement, et cela me contente).
Ce matin, en particulier, les chevaucheureuses de deux-roues divers et variés (trottinettes électriques ou non, vélos de course, VTT, vélos cargo... Styles et couleurs bigarrées !) avaient le sourire en regardant, sur le trottoir à côté de nous, un jeune père faire des aller-retours nerveux avec sa poussette, avec le visage concentré de qui sait que s'il s'arrête plus de cinq secondes, le bébé va se réveiller.
Un bon dix minutes, la barrière s'est ouverte, et nous avons toustes pu repartir en emportant une image de douceur.
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