Je hais les tests de personnalité

Connais-toi toi-même, disait l'autre. Dans ce but, pourquoi ne pas faire des tests qui te diront quel animal, quelle couleur, quelle suite-de-lettres-à-la-con tu es, hein ?

Comment ça, tu ne veux pas ? Remarque, ça ne m'étonne pas, c'est typique des (insérer ici un animal, une couleur, une suite-de-lettres-à-la-con).

Je vais te le dire, moi, pourquoi je ne veux pas. Je ne veux pas parce que je hais les étiquettes, qui réduisent un individu et sa complexité infinie à une petite case sans intérêt. Je ne veux pas parce que c'est souvent à peu près aussi fiable et scientifique que l'astrologie. Je ne veux pas parce que je suis une multitude :

Je suis une walkyrie à vélo sous la pluie.

Je suis une boxeuse devant la console.

J'ai haï le sport, viscéralement, de toutes mes tripes.

Je suis une femme qui a des cheveux gris.

J'ai parfois neuf ans dans ma tête.

J'enseigne le français.

J'adore les maths et l'anglais.

Je suis la prof qui parle au vidéoprojecteur, qui donne des exemples grammaticaux pleins de dragons et de licornes.

Je suis celle qui est le sérieux incarné quand il s'agit de respect mutuel.

Je suis une amoureuse des livres.

J'en ai benné un certain nombre dans une autre vie professionnelle.

Je ne suis pas une couleur, je suis un arc-en-ciel mouvant. Je ne suis pas un animal, je suis la faune en évolution. Je ne suis pas une suite-de-lettres-à-la-con, je suis un roman en cours d'écriture. Si tu ne veux voir de moi qu'une minuscule parcelle immuable, rends-nous service à toustes les deux : ne me regarde pas.

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