samedi 2 mars 2024

Le long de la corde

Au bout de la corde, il y a ma fille et moi, qui avons passé la semaine à redécorer sa chambre.

Plus haut sur la corde, il y a ma mère et moi, qui avions passé du temps à redécorer ma chambre quand j'étais ado.

Les gestes ne sont pas les mêmes.

Nous avions décollé la tapisserie à la vapeur, nous avons utilisé un dissolvant à colle.

Nous avions un support peint en-dessous, nous avons trouvé du plâtre.

Nous avions retapissé, nous avons sous-couché et peint.

Les personnes ne sont pas les mêmes : je ne suis pas ma mère, ma fille n'est pas moi, on pourrait même dire que je ne suis pas moi-ado.

Pourtant je sens la corde qui me lie à ce point dans le temps vibrer.

Elle me lie à ma mère.

Elle me lie à ma fille.

Elle vibre de l'amour qu'on peut mettre à travailler ensemble.

Plus haut, il y a peut-être ma mère et ma grand-mère, de la couture, du crochet..?

Encore plus haut, je ne sais pas.

Je sais seulement qu'aujourd'hui, je suis heureuse d'être accrochée à cette corde-là.

dimanche 25 février 2024

Je hais les tests de personnalité

Connais-toi toi-même, disait l'autre. Dans ce but, pourquoi ne pas faire des tests qui te diront quel animal, quelle couleur, quelle suite-de-lettres-à-la-con tu es, hein ?

Comment ça, tu ne veux pas ? Remarque, ça ne m'étonne pas, c'est typique des (insérer ici un animal, une couleur, une suite-de-lettres-à-la-con).

Je vais te le dire, moi, pourquoi je ne veux pas. Je ne veux pas parce que je hais les étiquettes, qui réduisent un individu et sa complexité infinie à une petite case sans intérêt. Je ne veux pas parce que c'est souvent à peu près aussi fiable et scientifique que l'astrologie. Je ne veux pas parce que je suis une multitude :

Je suis une walkyrie à vélo sous la pluie.

Je suis une boxeuse devant la console.

J'ai haï le sport, viscéralement, de toutes mes tripes.

Je suis une femme qui a des cheveux gris.

J'ai parfois neuf ans dans ma tête.

J'enseigne le français.

J'adore les maths et l'anglais.

Je suis la prof qui parle au vidéoprojecteur, qui donne des exemples grammaticaux pleins de dragons et de licornes.

Je suis celle qui est le sérieux incarné quand il s'agit de respect mutuel.

Je suis une amoureuse des livres.

J'en ai benné un certain nombre dans une autre vie professionnelle.

Je ne suis pas une couleur, je suis un arc-en-ciel mouvant. Je ne suis pas un animal, je suis la faune en évolution. Je ne suis pas une suite-de-lettres-à-la-con, je suis un roman en cours d'écriture. Si tu ne veux voir de moi qu'une minuscule parcelle immuable, rends-nous service à toustes les deux : ne me regarde pas.

samedi 25 mai 2019

Fête des mères et école, un mélange détonnant

La fête des mères n’est pas une joie pour moi ; je n’ai pas envie d’être célébrée en tant que mère, et si mes enfants ont envie de me faire des cadeaux, ils peuvent le faire à mon anniversaire. Ça, ça me regarde. Mais la manière dont l’école traite la fête des mères (ou des pères) nous regarde tous, parents ou non, en tant que société.

Actuellement, dans la plupart des écoles (autour de chez moi en tout cas), fabriquer un cadeau pour la fête des mères n’est pas une option pour les enfants, c’est une obligation.

À partir de cette simple observation, on peut dire beaucoup de choses.

D’abord que tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir une mère vivante et aimante, et que forcer un enfant que sa mère maltraite, un enfant que sa mère a abandonné ou un enfant dont la mère est morte à faire un cadeau de fête des mères est moralement plus que douteux (ne me dites pas que ça n’arrive jamais, je l’ai vu de mes yeux vu, et plus d’une fois ; en ce qui concerne la maltraitance ou l’abandon, les professeurs ne sont pas toujours au courant, et certains parmi ceux qui le sont préfèrent tout de même faire travailler l’élève concerné comme les autres parce que “c’est plus simple”).

Le niveau d’absurdité atteint quand on oblige un enfant qui a deux pères à écrire à l’un d’entre eux “Maman tu es la plus jolie” ne mérite sans doute pas d’être souligné.

Ensuite, même quand tout va bien dans une famille où une mère est présente, forcer un enfant à déclarer son amour pour sa mère à un moment bien précis, et d’une certaine manière et pas d’une autre, est pour le moins étrange. De quel droit les enseignants se mêlent-ils de nos relations ? Cette année, on a menacé mon fils de le punir parce qu’il préférait écrire un texte à sa façon plutôt que selon le procédé que l’enseignante avait choisi(1). Dans l’absolu je peux comprendre le professeur qui a son projet d’écriture et n’a pas forcément envie de l’adapter aux désirs de chaque enfant, mais pourquoi y mêler les parents dans ce cas ? Autant faire écrire à partir d’un sujet imaginaire.

En ce qui me concerne, les seuls cadeaux qui me font plaisir sont ceux qui viennent du cœur ; quelque chose que mon enfant a été forcé de faire, forcé de faire à ce moment-là, forcé de faire de cette manière-là, est tout sauf un élan du cœur. C’est un devoir que des enseignants ont déguisé en acte d’amour. Je préférerais qu’ils n’en fassent rien.

Notes

(1) d’ailleurs, le choix de mon fils me plaît beaucoup plus que celui de la maîtresse, il me connaît bien.

jeudi 1 novembre 2018

Si tu ne viens pas à la pub, la pub ira à toi

Je ne suis pas une grande fan de la pub en général. Sa présence dans l’espace public est pour moi pollution visuelle (c’est souvent laid), mentale (je n’aime pas qu’on me ramène sans arrêt à mon statut de consommatrice, et j’aime garder tranquille mon espace cérébral), sonore parfois (à la radio, elle contamine maintenant jusqu’aux podcasts de France Inter, ce qui a réduit mon usage desdits au minimum).

Depuis l’irruption des écrans vidéos de pub dans les villes, la pollution visuelle et mentale augmente (car un objet mouvant attire l’oeil bien plus qu’un immobile) et je ne parle même pas de la consommation électrique de ces monstres.

Je râlais déjà comme un putois en les voyant envahir les rues, les stations de métro, les centres commerciaux, projetant des publicités parfois choquantes pour les enfants (coucou la bande annonce de Venom par exemple) en pleine journée.

Je râlais encore plus en voyant la SNCF nous en coller dans les trains, profitant d’un public qui ne risque pas de quitter son siège ; pourtant, vous je ne sais pas, moi je paye mon billet en euros, pas en temps de cerveau disponible.

Mais je crois que j’ai atteint le summum en termes d’invasion en allant au cinéma ce week-end. Avant la séance, je suis passée aux toilettes. Je suis entrée dans un box, me suis déculottée, ai fait un bond jusqu’au plafond en voyant quelque chose bouger dans mon champ de vision. Il ne s’agissait pas d’une personne, non : simplement, en France, en 2018, les écrans de pub viennent te chercher jusque dans les chiottes.

lundi 11 juin 2018

Le portefeuille, ou la compassion

un portefeuille
Wallet, par Charles Deluvio

Un matin, juste avant de partir de chez moi, j’ai vu un portefeuille qui traînait par terre.

J’ai pensé qu’il était tombé de mon sac, et je me suis aussitôt traitée de tous les noms. Mais ça ne va pas la tête, Anna ? Tu te rends compte de la gravité de la chose, laisser ton sac ouvert ? Et s’il était tombé en pleine rue, hein, et qu’il avait fallu faire opposition à la carte bleue, refaire faire la carte d’identité, le permis ? Ça t’aurait peut-être servi de leçon, je te jure, ce n’est pas permis d’être aussi inconséquente, sombre nouille !

La petite voix méchante récriminait encore quand je me suis penchée pour ramasser l’objet du délit, et que j’ai vu qu’il ne s’agissait pas de mon portefeuille, mais de celui de mon cher et tendre.

Aussitôt, j’ai attrapé mon téléphone pour le rassurer, le pauvre, pourvu qu’il n’ait pas remarqué que son portefeuille n’était plus dans son sac, qu’il n’ait pas eu trop le temps de flipper.

La morale de cette histoire ? Pour la compassion, ça va, par contre on dirait que l’autocompassion nécessite encore un poil de boulot.

jeudi 12 janvier 2017

S'habiller

J'ai une histoire assez compliquée avec les vêtements. Je ne suis pas quelqu'un de très visuel (comprendre que si quelqu'un va mal, je le saurai à sa voix plutôt qu'à sa mine) et je ne me trouve pas très jolie, à la base. Faire des efforts pour être, sinon bien, au moins pas trop mal habillée m'a longtemps paru être une authentique perte de temps. L'idée que ses choix vestimentaires envoient un message, je la comprends intellectuellement, mais je la ressens difficilement. Autant dire que je reviens de loin.

Il y a un an à peu près, une copine m'a donné deux conseils que j'ai appliqués depuis, et auxquels j'ai ajouté un troisième. Avec tout ça, je ne dirai pas que je suis à la pointe de la mode (tant mieux, ce n'est pas mon but) mais je ne fais presque plus d'erreurs d'achats, j'ai fait du tri dans mes placards et je me sens mieux dans mes vêtements.

Son premier conseil : puisque son apparence envoie un message, on peut penser en amont au message qu'on a envie d'envoyer. Pour ça, une liste d'adjectifs marche bien pour moi : vouloir avoir l'air créative, originale, joyeuse, sérieuse... On peut aussi se faire plusieurs listes selon les occasions (boulot ou non par exemple). Une fois qu'on a trouvé les quelques mots qui nous vont bien, regarder soigneusement le vêtement (maquillage, accessoire) qu'on a envie d'acheter (ou celui qu'on a pris dans son armoire en se demandant si ça vaut la peine de le garder) et se demander si, en le portant, on aura l'air (insérer ici la liste qui convient). Si la réponse est non, il y a de grandes chances que l'acheter (ou le garder) ne serve à rien ; il va probablement finir ses jours dans le placard.

Son deuxième conseil : essayer. Celui-là se décline en deux parties. La plus évidente, ne rien acheter sans l'essayer (et faire pareil lors des tris chez soi). Pour moi, j'ai quasiment renoncé aux achats de vêtements en ligne. Elle a résolu le problème différemment : elle a une carte de paiement différé, commande des tonnes de fringues, les essaye tranquille chez elle et renvoie les trois quarts. Dans tous les cas, l'idée est toute simple, il s'agit de se dire que ce qui est beau sur un cintre ou sur un mannequin ne le sera pas forcément sur soi : question d'allure générale, de morphologie... On se fiche que la tenue soit jolie dans l'absolu si dedans on a l'air d'un sac. Donc on essaye, on se regarde en pied, et on se reporte à la liste définie au premier point. C'est aussi valable pour les accessoires : dans l'absolu j'adore les sautoirs, dans la plupart des cas ça me va comme un tutu à une vache normande. On profite aussi de l'essayage pour bouger un peu, ça ne sert à rien de porter de beaux habits si on ne se sent pas bien dedans.

La partie du conseil la moins évidente, et pourtant tout aussi essentielle, est qu'on peut aussi essayer des choses qui ne nous disent rien à première vue. J'ai été très surprise un jour en enfilant un pull à l'allure franchement mémère sur son cintre, mais dont j'aimais la couleur ; sur moi, il est fabuleux, un très bon achat.

À ces deux conseils qui ont changé ma façon de m'acheter des fringues, j'en ajouterai un troisième, faire confiance aux gens qui nous connaissent et qui nous aiment. Aller faire ses choix avec ceux qui tiennent vraiment à nous et sauront voir ce qu'on ne voit pas. Mon écharpe favorie est un cadeau d'une copine, un de mes sacs préférés (que je n'aurais jamais choisi et qui me va pourtant à la perfection, apparence comme usage) vient de ma sœur, les boucles d'oreilles que je porte le plus souvent m'ont quasiment toutes été offertes. Quand on a du mal à porter sur soi-même un regard d'amour, on peut parfois compter sur les autres. Et ça fait un bien fou.

jeudi 22 septembre 2016

La terreur contagieuse

Depuis le début du mois de septembre, je ne peux plus me promener dans ma ville sans rencontrer à pratiquement tous les coins de rue des mesures "anti-terrorisme".

Ici on fait ouvrir les sacs à l'entrée des magasins.

Là des parents ne peuvent plus accompagner leurs enfants jusqu'à leur classe de maternelle.

Là encore des issues de secours sont fermées à clé, et quand on fait remarquer la dangerosité de cette mesure, on entend que c'est pour éviter le terrorisme, comme si ça mettait fin au débat.

Pour commencer, je ne suis pas du tout convaincue que ces dispositions aient une grande efficacité. Les vigiles ne regardent le plus souvent que le dessus des sacs, pas jusqu'au fond, pas toutes les poches : on n'évite donc pas forcément le passage d'une arme. Les gardes eux-mêmes ne sont pas armés, et je ne suis pas sûre qu'ils pourraient faire une grosse différence quand il s'agit d'un petit magasin (éviter un déclenchement de violence à l'intérieur d'une grande structure comme un stade reste par contre souhaitable).

Les parents n'encombrent plus les couloirs des écoles... Certes. Mais ils restent massés près des portes ; le danger évité à l'intérieur existe toujours à l'extérieur. D'autre part, imaginez les problèmes de sécurité routière quand les trottoirs devant l'école sont un peu étroits et qu'il devient impossible d'y marcher, sans même parler de passer avec une poussette.

En ce qui concerne la fermeture des issues de secours, il est évident que le danger est bien plus grand quand elles sont fermées qu'ouvertes, ne serait-ce que parce que l'incendie est bien plus probable que l'attaque terroriste. Même en cas d'attentat, les issues de secours sauvent des vies.

Enfin, et c'est pour moi très important, toutes ces décisions nourrissent un climat de terreur. Comment vivre paisiblement quand plusieurs fois par jour, chaque fois qu'on conduit son enfant à l'école, qu'on veut entrer dans un magasin, qu'on passe devant la porte arrière d'un restaurant, on nous rappelle que "nous sommes en danger" (quitte parfois à augmenter le péril réel en prétendant en réduire un autre) ? À entretenir ce sentiment, on crée des populations apeurées qui risquent fort de se jeter dans les bras du premier totalitarisme venu pourvu qu'il leur promette la sécurité... On cultive aussi de manière pernicieuse le sentiment anti-Islam déjà très présent, et qui arrange les terroristes. Chaque fois qu'on rejette quelqu'un à cause de sa couleur de peau ou de sa foi, on nourrit le discours qui prétend que les musulmans (ou perçus comme tels) sont nos ennemis. Si eux-mêmes sentent que les blancs les considèrent comme des adversaires, comment éviter que certains décident de se conduire de manière hostile ?

Je refuse de vivre dans ce climat. Je refuse qu'on me mette en danger (risque routier, risque incendie) pour "me protéger". Je refuse qu'on me désigne à demi-mot un "ennemi" qui n'est que mon voisin. Je pense que si on veut vivre en paix, il faut construire la paix ; on ne vit pas en paix quand on se terre, métaphoriquement parlant, dans un bunker.

J'ai donc pris les décisions suivantes.

Dans la mesure où c'est possible, si on me demande d'ouvrir mon sac avant d'entrer où que ce soit, je me barre, et j'envoie plus tard une lettre expliquant ma démarche.

Si je repère une issue de secours fermée, je le fais remarquer aux personnes présentes en rappelant à quel point c'est dangereux, et aussi que les issues de secours ne sont pas en option quand on reçoit du public. Là aussi, j'enverrai des lettres.

Je continue de me comporter de manière normale avec les gens que je croise dans la rue, dans le métro, sans tenir compte de leur couleur de peau et de leur port - ou non - de signes religieux. J'interviens si c'est nécessaire, et tant que ça ne l'est pas, j'entretiens autant que je le peux les harmonies dans la musique de l'univers.

Je choisis de vivre en paix.

lundi 13 juin 2016

Phrases retournées

Il y a deux semaines je vous proposais de "parler en plus". Voici, pour illustrer cette idée, quelques exemples de phrases négatives retournées en positif. On peut les modifier et les décliner à l'envi !

"Ne cours pas" peut devenir "marche".

"Ne pousse pas Untel" peut devenir "laisse Untel tranquille".

"Ne tape pas" peut devenir "les mains doivent toucher doucement".

"Ne vous disputez pas" peut devenir "trouvez une solution ensemble ou séparez-vous".

"N'éteins pas la lumière" peut devenir "laisse la lumière allumée".

"Ne laisse pas l'eau couler" peut devenir "ferme le robinet".

"Ne touche pas à ça" peut devenir "laisse ça tranquille", ou "lâche ça" selon le contexte. Pour les plus jeunes on peut passer par "mets tes mains dans ton dos", quand ils observent quelque chose de fragile ou de dangereux qu'ils ont très envie de toucher.

"Ne téléphone pas ici" peut devenir "sors si tu souhaites téléphoner".

"Ne jette pas" peut devenir "pose doucement".

"Ne tiens pas ce livre comme ça" peut devenir "regarde, voilà comment on tient un livre, et on tourne les pages au coin" (démonstration à l'appui).

"Ne marche pas au bord du trottoir" peut devenir "marche du côté des maisons".

"N'oublie pas (ceci ou cela)" peut devenir "souviens-toi de (ceci ou cela)".

"Ne crie pas" peut devenir "parle doucement".

À vous ?

jeudi 2 juin 2016

​Parler "en plus"

Il y a des années, j’ai lu un article dans je ne sais plus quel magazine qui conseillait, quand on voulait se souvenir de quelque chose qu’on oubliait souvent, de se parler à soi-même en termes positifs : “souviens-toi” pour remplacer “n’oublie pas”, “laisse ça” plutôt que “n’y touche pas”. L’idée était que le cerveau retient les mots les plus porteurs de sens et n’y applique pas toujours la négation qu’on avait pourtant formulée intérieurement. Cela m’a paru un truc utile, et cela m’a en effet bien servi ensuite, par exemple pour retenir les pièces à éviter la nuit quand je n’étais pas chez moi.

Avance rapide, me voilà mère. J’ai à cœur de respecter mes enfants en tant que personnes, je lis des articles et des livres sur l’éducation bienveillante, et je tombe sur une idée qui me semble familière : quand on parle à ses enfants, il est bien plus efficace et meilleur au long terme de dire ce qu’on veut plutôt que ce qu’on veut éviter.

J’avais déjà un (tout petit) peu d’entraînement, je m’y suis mise ; avec quelques étapes auxquelles je ne m’attendais pas.

Pour commencer : pour transformer en positif ma manière de parler, j’ai dû changer de manière de penser.

Je n’avais jamais remarqué auparavant à quel point je pensais en priorité à ce que je voulais éviter, et très peu souvent aux buts que je voulais atteindre. Je ne veux pas que les enfants sautent sur le canapé, OK, mais que veux-je donc ? Je veux que ceux qui s’asseyent dessus restent assis sur leurs fesses !

Dit comme ça, ça a l’air simple, pourtant j’ai dû déployer beaucoup d’énergie pour passer du très spontané “on ne saute pas sur le canapé (bordel, d’ailleurs je l’ai déjà dit vingt mille fois !)” à “sur le canapé on reste assis”. Ça marche de la même manière pour “ne mets pas de miettes partout” qui devient “mange au-dessus de la table”.

J’ai vite vu la différence ; le message passe mieux comme ça, et pas seulement pour les enfants. Avec les adultes aussi il est bien plus clair de formuler ce que l’on souhaite, et quand on y pense c’est facile à comprendre. Ce n’est pas seulement une histoire de “cerveau qui oublierait la négation” ; parler de quelque chose, même en négatif, tend à focaliser l’attention sur la chose/l’action en question. Allez donc ne pas penser à un rhinocéros rose quand on ne vous parle que de lui !

On peut par la suite passer au degré suivant ; je veux que les gens restent tranquilles quand ils sont sur le canapé, certes, mais pourquoi ? Pour le garder en bon état, pardi. Évident… Pour moi ! Mes interlocuteurs par contre, ne le comprennent pas forcément. Or, je ne sais pas vous, mais moi je préfère largement suivre une instruction quand j’en comprends les raisons.

“Je veux que le canapé reste en bon état ; quand on est dessus, on reste assis.”

Dernière étape pour huiler les rouages autant que possible : offrir une alternative. On veut que la personne reste assise, et on a expliqué pourquoi. Mais que se passe-t-il si ladite personne a envie de se remuer le popotin ?

“Je veux que le canapé reste en bon état ; quand on est dessus, on reste assis, sinon on va jouer ailleurs.”

OK, c’est plus long à dire que “On ne saute pas sur le canapé”. Cela dit on peut abréger quand on a utilisé la version complète plus tôt. Cela permet globalement de vivre dans un climat plus serein ; de plus, expliquer pourquoi et offrir une alternative laisse la porte ouverte à d’autres solutions auxquelles on n’aurait pas pensé soi-même. Enfin, et ce n’est pas le bénéfice le moindre que je trouve à cette méthode, elle permet de se rendre compte que dire “non” revient le plus souvent à dire “oui” à autre chose, de prendre conscience de ce qui compte en positif pour nous. Que demande le peuple ?

jeudi 28 avril 2016

Respirer : une mise en garde

Du temps de ma folle jeunesse, ma respiration abdominale était objet d'admiration. Non que j'aie jamais été une foudre en sport, mais sans y penser je respirais tranquillement, profondément, ce qui était bien utile pour le théâtre ou la chorale.

Ni mes premières années de boulot ni mes grossesses n'avaient réussi à entamer mon souffle autrement que de manière transitoire. J'en étais heureuse quand j'y pensais, autant dire pas souvent.

Jusqu'à ce que, il y a quelques semaines, je me surprenne au boulot, sur une tâche pour laquelle j'ai peu de tendresse, en quasi-apnée.

Étonnée moi-même de ce manque d'air, j'ai tenté de m'oxygéner plus profondément.

Quelques minutes plus tard je me suis aperçu que, à nouveau, je ne respirais pratiquement plus.

Sourcils froncés, un peu inquiète, j'ai recommencé à respirer amplement, en me concentrant cette fois sur mon souffle.

J'ai tenu le coup plus longtemps, mais j'ai senti des muscles qui protestaient sérieusement dans mon abdomen.

Rétrospectivement j'aurais pu me rendre compte qu'il y avait un souci. Depuis quelques mois les exercices d'échauffement à la chorale me détendaient beaucoup plus que d'habitude (pas surprenant que respirer à fond me fasse du bien si je manquais d'air en permanence). Mes épaules étaient très rentrées, et mon humeur maussade (au naturel je suis colérique, pas triste sans raison).

Rassurez-vous, l'histoire finit bien ; il n'y avait aucun problème physique, seulement du stress. À force d'y prêter attention (et avec quelques exercices pour les abdominaux) j'ai retrouvé un souffle correct qui a permis un retour à la normale de tout le reste. J'écris ce billet avec l'idée de vous rappeler à votre propre respiration. Si vous vous rendez compte qu'elle est superficielle, qu'elle implique les épaules et pas le ventre, vous pouvez prendre le temps de respirer profondément, sentir si ça coince et si oui ce qui coince. On vit nettement mieux en profitant à fond de sa capacité pulmonaire.

lundi 28 mars 2016

Les bijoux

​Il y a des matins où les bijoux sont une armure.
Je les choisis soigneusement pour qu'ils me donnent l'air de pouvoir, de savoir, qu'ils me donnent la force d'affronter la journée.

Il y a des matins où les bijoux sont une parure.
Je les choisis soigneusement pour qu'ils aillent avec mes vêtements, qu'ils signifient la joie et l'envie de célébrer la journée.

Il y a des matins où les bijoux sont une blessure.
Je choisis soigneusement de les laisser de côté, je garde seulement mon alliance et le bracelet qui me rappelle qu'Il est là.