mercredi 8 avril 2020

Étrange et pénétrant

Toutes les nuits, il rêve. Toutes les nuits, je l’entends rêver. Mon amant a le sommeil bruyant, et moi l’oreille fine…

Il murmure à minuit : “Ils seront ébaubis, ils vont voir ce qu’ils vont voir !”

Il marmonne à deux heures : “Mon adversaire est stupide, comment ses partisans peuvent-ils prendre tant de plaisir à l’écouter vitupérer ?”

Il sussure à quatre heures : “Conspué ! Ils m’ont conspué ! Comment ont-ils osé ?”

Au matin, je suis épuisé, mais je trouve tout de même la force de lui affirmer au petit déjeuner : “Toi, tu as encore rêvé que tu te présentais aux présidentielles.

- Exactement ! Comment le sais-tu ?”

Mon sourire se fait énigmatique ; je le laisse croire à mes mystérieux pouvoirs.

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, il fallait “utiliser les mots vitupérer, conspuer, ébaubir.”

lundi 30 mars 2020

Trente mots (et quelques rimes)

Trente mots et pas un de plus

Un octosyllabe bien nu

Mon cerveau remue tout entier

Mes doigts agitent mon clavier

La contrainte formelle sans

Un thème brise mon élan.

 

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, le sujet était : “Trente mots, pas plus.”

vendredi 20 mars 2020

Les cerisiers en fleur

Ah tiens, les cerisiers fleurissent.

C’est ce que je me suis dit ce matin en regardant mes chaussettes. Je pratique une forme de magie assez peu commune, la magie chaussettière. Chaque matin, je plonge la main dans mon tiroir à chaussettes, à l’aveugle. J’enfile la paire que j’ai piochée sans la regarder. La journée est colorée par mes chaussettes, même, ce qui est souvent le cas, quand je porte des bottines et que personne ne les voit.

Quand je porte mes chaussettes jaunes avec des smileys souriants, je sais que rien n’entamera mon sourire.

Quand je porte mes chaussettes bleues avec des roses des vents, je peux être sûre de savoir où aller.

Quand je porte mes chaussettes orange avec des poulpes multicolores, la journée sera bizarre.

Quand je porte mes chaussettes noires avec des roses rouges, les amours seront belles.

Tous les dimanches je range les chaussettes que j’ai lavées pendant la semaine, et je remue le contenu du tiroir, pour garder la magie en vie. On croirait que cela assure une rotation régulière. Cela faisait pourtant quatre mois pleins que je n’avais pas trouvé sous mes doigts les chaussettes grises où figurent des cerisiers en fleur.

Jusqu’à ce matin.

Je ne sais pas ce que me réserve cette journée, mais il y a du renouveau dans l’air. Il était temps.

Ce texte est ma participation à un défit d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, le sujet était : “Ah tiens, les cerisiers fleurissent.”

vendredi 21 février 2020

Le débardeur (état de chose)

photos de cintres en bois sur un portant
Photo d’Andrej Lišakov

Ma proprio m’a acheté quand elle était jeune fille. Je faisais partie d’un lot de débardeurs en coton, bretelles spaghetti. Elle les portait au-dessous de chemisiers ouverts, avec des jeans noirs. C’était une tenue parfaite pour elle alors, étudiante, en Lettres, plutôt décontractée. J’étais le débardeur noir, son préféré.

Une année plus tard, son père, voulant lui rendre service, a pendu un lot de vêtements dont je faisais partie pour les faire sécher. Malheureusement, il manquait d’expérience en matière de lessive ; il m’a accroché, trempé, par les bretelles. Quand la proprio m’a récupéré, mes bretelles s’étaient tellement allongées que j’étais devenu tout à fait importable comme vêtement, sauf à vouloir exhiber le haut de son soutien-gorge à tous les passants.

Elle a décidé de me convertir en sous-vêtement. Elle m’a porté pendant des années au-dessous de ses pulls, ses T-shirts à manches longues. Pas loin de vingt ans. Je l’ai accompagnée quand elle a passé ses premiers diplômes, ses premiers entretiens d’embauche, quand elle a vécu ses premières heures de jeune professionnelle. Je l’ai vue se marier, devenir mère, retourner à la fac pour démarrer une nouvelle carrière. Je lui ai été fidèle tout ce temps, bien caché contre sa peau. On a vieilli ensemble, mon tissu de plus en plus fin, ses cheveux de plus en plus blancs.

Depuis quelques semaines, je sentais que je m’amincissais trop au niveau des coutures. Avant-hier, quand elle m’a attrapé, on a entendu un énorme craquement ; elle a vu avec horreur le trou énorme qui s’était formé sur mon côté droit.

Elle m’a lavé avec d’autres vêtements, une dernière fois. Elle m’a dit que je serais un chiffon, dorénavant. J’attends qu’elle trouve l’envie de nettoyer des vitres. La connaissant, ce ne sera pas tous les quatre matins. Tant mieux, au fond ; j’ai bien mérité un peu de repos.

lundi 30 septembre 2019

Se réchauffer le cœur

Un papillon noir et rouge sur des feuilles vertes
Photo de Johann Seidl

 

Parfois, en septembre, qu’il fasse gris ou pas dehors, il fait gris à l’intérieur. Les obligations s’accumulent, on a le cœur morne, la sensation mordante de ne jamais en faire assez alors même que le corps crie qu’on en fait trop.

Ces jours-là, quand on a de la chance, tombe dans nos oreilles une merveille comme celle-là.

D’abord la flûte vient nous chercher là dans notre lourdeur, mesurée, seule, presque hésitante. Puis elle prend de l’assurance, déroule le thème. Elle est rejointe par quelques autres instruments, toujours mesurés, un peu lents, tendres peut-être.

Ensuite, vers une minute trente, d’autres instruments s’ajoutent encore, le thème est rejoué, autrement, on sent un peu de courage animer notre souffle.

Alors, vers deux minutes quarante, la rythmique prend le dessus, l’air se fait danse, enfin, et on sentirait presque nos pieds s’agiter, on retrouverait soudainement l’envie de bouger sans but pratique, juste pour la joie de le faire.

Jusqu’à la fin du morceau on peut savourer cette sensation délicieuse, écouter cette musique au nom de papillon.

Puis, si on a la chance de posséder l’album, on peut sauter la plage suivante pour prolonger la joie en sautillant, métaphoriquement ou pas, sur Crowley’s Reel(Un).

Une mienne amie qui étudiait la musicothérapie m’a expliqué un jour que simplement passer de la musique joyeuse à quelqu’un de triste ne suffisait pas à lui égayer l’humeur, qu’il fallait prendre les gens là où ils se trouvaient avant de les emmener où que ce soit. C’est exactement ce que Red Admiral Butterfly fait pour moi.

Notes

(Un) Bonus : si vous aimez De bons présages/Good Omens, vous pouvez imaginer qu’on a écrit cet air pour votre démon préféré.

jeudi 11 juillet 2019

Voilà, c'est fini

photo d'une salle de classe sans personne
Photo de Feliphe Schiarolli

J’ai remis ma tablette aux paramètres usine, je l’ai rendue, ainsi que ma clé, mon badge.

J’ai sorti de mon sac mes feutres de secours, mes stylos pour corriger, le carnet qui me servait à noter le déroulé prévu pour chaque cours, les choses à faire ou à vérifier pour le suivant.

J’ai gardé les trombinoscopes et jeté presque tout le reste.

J’ai gardé les fiches de bilan de l’année, pour préparer les progressions de l’année prochaine.

J’ai posé dans un coin de mon bureau la pile de livres à lire, d’articles à surligner, annoter.

J’ai téléchargé la version électronique d’œuvres que je pense utiliser l’année prochaine.

J’ai rêvé du boulot pendant quelques jours, puis dormi comme une brique, pour tenter de solder la fatigue de l’année.

Je pars en vacances une semaine, sans rien emporter qui me rappelle mon travail.

Quand je rentrerai, il sera temps d’établir un plan d’action, de décider à quel rythme travailler pour préparer l’année suivante.

Aujourd’hui, ma première année scolaire comme enseignante est finie.

samedi 25 mai 2019

Fête des mères et école, un mélange détonnant

La fête des mères n’est pas une joie pour moi ; je n’ai pas envie d’être célébrée en tant que mère, et si mes enfants ont envie de me faire des cadeaux, ils peuvent le faire à mon anniversaire. Ça, ça me regarde. Mais la manière dont l’école traite la fête des mères (ou des pères) nous regarde tous, parents ou non, en tant que société.

Actuellement, dans la plupart des écoles (autour de chez moi en tout cas), fabriquer un cadeau pour la fête des mères n’est pas une option pour les enfants, c’est une obligation.

À partir de cette simple observation, on peut dire beaucoup de choses.

D’abord que tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir une mère vivante et aimante, et que forcer un enfant que sa mère maltraite, un enfant que sa mère a abandonné ou un enfant dont la mère est morte à faire un cadeau de fête des mères est moralement plus que douteux (ne me dites pas que ça n’arrive jamais, je l’ai vu de mes yeux vu, et plus d’une fois ; en ce qui concerne la maltraitance ou l’abandon, les professeurs ne sont pas toujours au courant, et certains parmi ceux qui le sont préfèrent tout de même faire travailler l’élève concerné comme les autres parce que “c’est plus simple”).

Le niveau d’absurdité atteint quand on oblige un enfant qui a deux pères à écrire à l’un d’entre eux “Maman tu es la plus jolie” ne mérite sans doute pas d’être souligné.

Ensuite, même quand tout va bien dans une famille où une mère est présente, forcer un enfant à déclarer son amour pour sa mère à un moment bien précis, et d’une certaine manière et pas d’une autre, est pour le moins étrange. De quel droit les enseignants se mêlent-ils de nos relations ? Cette année, on a menacé mon fils de le punir parce qu’il préférait écrire un texte à sa façon plutôt que selon le procédé que l’enseignante avait choisi(1). Dans l’absolu je peux comprendre le professeur qui a son projet d’écriture et n’a pas forcément envie de l’adapter aux désirs de chaque enfant, mais pourquoi y mêler les parents dans ce cas ? Autant faire écrire à partir d’un sujet imaginaire.

En ce qui me concerne, les seuls cadeaux qui me font plaisir sont ceux qui viennent du cœur ; quelque chose que mon enfant a été forcé de faire, forcé de faire à ce moment-là, forcé de faire de cette manière-là, est tout sauf un élan du cœur. C’est un devoir que des enseignants ont déguisé en acte d’amour. Je préférerais qu’ils n’en fassent rien.

Notes

(1) d’ailleurs, le choix de mon fils me plaît beaucoup plus que celui de la maîtresse, il me connaît bien.

dimanche 3 mars 2019

Les cartons

Ils sont venus un matin, et ils ont tout emporté.

Deux ans que je me disais que je devais les appeler, que le nombre de cartons qui s’entassaient dans la maison croissait joyeusement, que les vêtements enfantins trop petits qu’ils contenaient ne servaient à personne et que c’était triste.

Il y a deux semaines, enfin, j’ai appelé. Vu le volume que j’avais à proposer, ils n’ont fait aucune difficulté pour se déplacer.

Ils sont venus, et ils ont tout emporté.

Je m’attendais à ressentir du soulagement à l’état pur, une grande joie de voir l’espace dégagé ; ce ne fut pas le cas. Au soulagement indéniable se mêla un peu de chagrin de voir partir les fidèles compagnons qui avaient jadis protégé mes enfants du froid.

Alors, en donnant un coup de main aux gars qui les portaient jusqu’au camion, je leur ai silencieusement souhaité bon vent, continuez à faire votre boulot et à couvrir d’autres petits que les miens.

vendredi 22 février 2019

Comment fabriquer un cerceau pour stabiliser son ballon de gym avec des matériaux de récupération

Je ne sais pas vous, mais moi, pour éviter d’ankyloser mon auguste postérieur quand je passe du temps assise à travailler, je le pose sur un ballon de gym (on dit aussi swiss ball, c’est vous qui voyez), bref un machin comme ça.

image d'un énorme ballon qui sert de siège

Or, si une chaise de bureau classique reste où on l’a posée, ce n’est pas le cas d’un ballon, qui a tendance à rouler, surtout si le sol n’est pas très plan (c’est le cas chez moi). C’est gênant, voire dangereux quand on a un radiateur électrique (le plastique ayant une sale tendance à mal supporter la chaleur intense).

Il me fallait donc de quoi bloquer mon ballon ; j’ai demandé conseil à Mastodon. La merveilleuse Maïa m’a suggéré un cerceau, et le formidable Notabene, appuyé par l’épatante Shaya, m’a informée de l’existence de bidules faits exprès pour caler son ballon de gym quand on ne s’en sert pas. C’était intéressant mais je n’avais pas envie d’acheter un objet si je pouvais en bricoler un facilement, ce qui était le cas.

image d'un rouleau de gaine électrique

J’ai donc foncé chercher un reste de gaine électrique. Celle que j’avais mesurait à peu près 15 millimètres de diamètre : vous pouvez prendre plus gros, mais pas plus fin, le produit final ne serait pas un obstacle très efficace pour empêcher votre ballon de rouler.

J’ai coupé (avec une pince coupante) un morceau de 140 centimètres de long environ (ceci pour obtenir un diamètre de 45 centimètres). J’ai collé les deux extrémités ensemble avec du scotch électrique très serré.

image d'un rouleau de scotch électrique

J’ai obtenu exactement ce que je souhaitais : un cerceau d’environ 45 centimètres de diamètre à poser sous mon ballon, pour l’empêcher de rouler quand mes fesses n’y sont pas. À moi la tranquillité d’esprit (rapport au radiateur) et la stabilité ballonnière, le tout sans débourser un centime.

Elle n’est pas belle, la vie ?

jeudi 1 novembre 2018

Si tu ne viens pas à la pub, la pub ira à toi

Je ne suis pas une grande fan de la pub en général. Sa présence dans l’espace public est pour moi pollution visuelle (c’est souvent laid), mentale (je n’aime pas qu’on me ramène sans arrêt à mon statut de consommatrice, et j’aime garder tranquille mon espace cérébral), sonore parfois (à la radio, elle contamine maintenant jusqu’aux podcasts de France Inter, ce qui a réduit mon usage desdits au minimum).

Depuis l’irruption des écrans vidéos de pub dans les villes, la pollution visuelle et mentale augmente (car un objet mouvant attire l’oeil bien plus qu’un immobile) et je ne parle même pas de la consommation électrique de ces monstres.

Je râlais déjà comme un putois en les voyant envahir les rues, les stations de métro, les centres commerciaux, projetant des publicités parfois choquantes pour les enfants (coucou la bande annonce de Venom par exemple) en pleine journée.

Je râlais encore plus en voyant la SNCF nous en coller dans les trains, profitant d’un public qui ne risque pas de quitter son siège ; pourtant, vous je ne sais pas, moi je paye mon billet en euros, pas en temps de cerveau disponible.

Mais je crois que j’ai atteint le summum en termes d’invasion en allant au cinéma ce week-end. Avant la séance, je suis passée aux toilettes. Je suis entrée dans un box, me suis déculottée, ai fait un bond jusqu’au plafond en voyant quelque chose bouger dans mon champ de vision. Il ne s’agissait pas d’une personne, non : simplement, en France, en 2018, les écrans de pub viennent te chercher jusque dans les chiottes.

lundi 23 juillet 2018

Petits bonheurs de rangement en bibliothèque

  1. Mettre de la musique et ranger en se trémoussant et en chantant
  2. Rire bêtement en rangeant des cotes “ASS” ou “CUL” (oui, j’ai le ricanement bilingue)
  3. Murmurer “Eviv Bulgroz” devant une cote “ZOR”
  4. Faire avec ses collègues le concours du titre le plus bizarroïde
  5. Ranger à la perfection un rayon très dérangé
  6. En profiter pour désherber un peu
  7. Finir une rangée, demander au collègue le plus proche “on fait quoi maintenant ?” et entendre “ça y est, on a fini !”
  8. Contempler son travail avec le sentiment du devoir accompli : ici l’usager trouvera ce qu’il cherche. Au moins jusqu’à demain.

mercredi 20 juin 2018

Comment personnaliser un fichier son pour la méditation

Je vais vous expliquer comment modifier un fichier son pour y ajouter des marqueurs de temps, ce qui peut être pratique si on souhaite méditer.

Pour ce tutoriel, il va vous falloir :

  • Un fichier son long (votre son “de base” pour la méditation). Si vous n’en avez pas, pas de panique, youtube est plein de vidéos de sons de nature ou de boucles musicales pour la méditation, et en récupérer le son est facile (mais ce n’est légal que si la musique n’est pas sous copyright). Vous pouvez aussi en enregistrer vous-mêmes. Et si vous préférez méditer en silence, vous pouvez générer un fichier silencieux dans Audacity avant d’y ajouter vos marqueurs de temps (menu Générer puis Silence).
  • Un fichier son court (celui que vous voulez utiliser comme marqueur de temps).
  • Un ordinateur avec le logiciel Audacity (disponible pour windows, mac et linux). 
  • Du temps.

1. Commencez par ouvrir votre son “long” avec audacity (clic droit sur le nom du fichier, “Ouvrir avec”, sélectionner “Audacity”).

L’ouverture peut prendre un petit moment si le fichier est long, soyez patient. Si ça ne fonctionne pas et que votre fichier est au format .mp3, vous avez probablement besoin de l’encodeur lame. Quand le fichier est ouvert, voici ce que vous devriez obtenir.

A tout moment, vous pouvez zoomer en avant pour voir le fichier plus en détail ou en arrière pour passer en vision d’ensemble, en pressant la touche “CTRL” tout en utilisant la molette de votre souris, ou en ouvrant le menu “Affichage” puis “Zoom avant” ou “Zoom arrière”,

2. Ensuite, ouvrez le fichier court avec audacity, de la même manière.

Si le début et la fin du fichier son “court” vous paraissent un peu abrupts, vous pouvez les adoucir (sinon, allez à l’étape 5).

3. Sélectionnez une petite durée au début du fichier, puis cliquez sur le menu “Effet” et choisissez “Fondre en ouverture”. Cela va augmenter progressivement le volume sur la durée que vous avez choisie.

4. Faites de même avec la fin, en choisissant cette fois-ci “Fondre en fermeture” (cette fonction va réduire progressivement le son jusqu’au silence).

5. Sélectionnez tout votre fichier son court (avec la souris ou en pressant CTRL+A) et copiez-le (CTRL+C ou menu “Édition” puis “Copier”).

6. Maintenant, retournez sur la fenêtre de votre son long et ajoutez une piste audio.

7. Placez votre curseur sur la piste du bas, celle qui est vide, là où vous voulez ajouter le son court pour marquer le temps. Collez votre son court (CTRL+V ou menu “Édition” puis “Coller”).

8. Placez le curseur un peu avant le nouveau son et écoutez le résultat.

9. Si vous trouvez le nouveau son trop faible ou trop fort, vous pouvez changer son amplification : menu “Effet” puis “Amplification”. Un chiffre positif dans la première case augmentera le son, un chiffre négatif le réduira (vous pouvez aussi bouger le curseur pour obtenir le même résultat).

10. Quand vous êtes satisfait du son court, sélectionnez-le et collez-le à nouveau à chaque place du fichier ou vous voulez marquer le temps (toutes les 10 minutes, par exemple).

11. Quand vous l’avez ajouté partout où vous le souhaitiez, vous pouvez exporter le fichier en utilisant le menu “Fichier” puis “Exporter audio”. Choisissez l’endroit où vous voulez enregistrer votre fichier, son nom et le format qui vous convient dans la boîte de dialogue.

Selon le format choisi, vous aurez ou pas une nouvelle boîte de dialogue vous proposant d’ajouter des informations sur le fichier (artiste, album…) ; à vous de voir si cela vous est utile (ça peut l’être pour repérer son fichier sur un lecteur audio).

12. Je vous conseille de sauvegarder également votre projet au format “audacity” pour pouvoir y revenir plus tard si nécessaire.

13. Variation possible : si les bruits intermédiaires vous gênent pour méditer mais que vous avez tout de même besoin de marquer le temps, vous pouvez supprimer le son court et utiliser les effets “Fondre en fermeture” puis “Fondre en ouverture” sur une petite plage de temps avant et après votre marque de temps.

mercredi 13 juin 2018

Le surligneur

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Photo de Jazmin Quaynor

Quand j’étais jeune fille et que j’étudiais, je ne connaissais pas l’usage des surligneurs. Je gardais le silence en voyant d’autres étudiants les utiliser à tour de bras, mais intérieurement, je considérais ces feutres fluo comme des instruments du diable : de quoi défigurer l’ami d’entre les amis, un livre. Quel genre de sauvage fait ça ? Il y a un cercle de l’enfer réservé à ceux qui commettent ce genre de crime, non ? Attendez, je demande à Dante.

À l’époque il me suffisait de lire pour retenir ce que je souhaitais retenir, et je ne connaissais pas ma chance.

Avance rapide de quelques années, j’ai repris mes études. Je suis plus vieille qu’autrefois, je suis aussi bien moins disponible mentalement, famille oblige. J’éprouve donc plus de difficultés à retenir ce que je lis simplement en le lisant. C’est alors que je découvre à quoi sert le surligneur.

Est-ce que le surligneur est laid ? D’un point de vue strictement esthétique, je dirais toujours que oui. Mais d’un point de vue intellectuel, c’est un instrument bien plus riche qu’il n’y parait. Il permet de repérer ce qui est essentiel dans un texte, ce qu’on décide de retenir. Il permet de le matérialiser, non seulement par la couleur, mais aussi par le geste de la main sur le papier. Il permet à un livre banal de devenir son livre, celui qui a fait l’objet d’un traitement spécial, et il permet quand on y revient d’aller tout de suite à l’essentiel.

Par contre, entendonc-nous bien : le paragraphe précédent ne concerne que les bouquins qu’on possède. J’ai demandé à Dante, et le cercle de l’enfer dont je supputais l’existence ? Il est réservé aux vandales qui surlignent les livres de bibliothèque.

lundi 11 juin 2018

Le portefeuille, ou la compassion

un portefeuille
Wallet, par Charles Deluvio

Un matin, juste avant de partir de chez moi, j’ai vu un portefeuille qui traînait par terre.

J’ai pensé qu’il était tombé de mon sac, et je me suis aussitôt traitée de tous les noms. Mais ça ne va pas la tête, Anna ? Tu te rends compte de la gravité de la chose, laisser ton sac ouvert ? Et s’il était tombé en pleine rue, hein, et qu’il avait fallu faire opposition à la carte bleue, refaire faire la carte d’identité, le permis ? Ça t’aurait peut-être servi de leçon, je te jure, ce n’est pas permis d’être aussi inconséquente, sombre nouille !

La petite voix méchante récriminait encore quand je me suis penchée pour ramasser l’objet du délit, et que j’ai vu qu’il ne s’agissait pas de mon portefeuille, mais de celui de mon cher et tendre.

Aussitôt, j’ai attrapé mon téléphone pour le rassurer, le pauvre, pourvu qu’il n’ait pas remarqué que son portefeuille n’était plus dans son sac, qu’il n’ait pas eu trop le temps de flipper.

La morale de cette histoire ? Pour la compassion, ça va, par contre on dirait que l’autocompassion nécessite encore un poil de boulot.

lundi 2 avril 2018

La tristesse des éléphants, de Jodi Picoult : et mon coeur se brisa

couverture du livre 'la tristesse des éléphants'Il y a des années que j’ai noté le nom de Jodi Picoult comme “auteur à essayer”, et pendant des années je n’ai pas donné suite. Jusqu’à la semaine dernière, où j’ai vu cette jolie couverture sur l’étagère des nouveautés de ma médiathèque ; si on y ajoute une maison d’éditions que j’adore (Actes Sud) et le nom de l’auteur que je connaissais, on comprendra que je n’ai pas hésité une seconde avant de le glisser dans mon cabas à roulettes(1).

Quelques jours plus tard j’ai ouvert le livre, souri devant la jolie police de caractères (merci Actes Sud) et commencé à lire.

Moins de 48 heures plus tard j’ai fini le livre, en larmes.

Je ne sais pas comment prendre les choses pour vous faire comprendre pourquoi. Si je vous raconte le début de l’intrigue, une jeune fille qui cherche sa mère, chercheuse sur les éléphants disparue(2) 10 ans plus tôt, vous allez dire que ça ferait un bon mélo, et vous aurez raison. Si j’y ajoute une voyante qui a perdu son don et un ancien flic alcoolique, vous allez hurler au cliché, et je ne pourrai pas vous donner tort. D’ailleurs je ne sais pas si j’aurais lu ce livre si j’avais dû me baser sur la quatrième de couverture.

Pourtant ce roman est tellement plus qu’une énième quête des origines, usée et rebattue. C’est une histoire très forte, sur l’amour et la perte, chez les humains comme chez les éléphants. En allant chercher des avis sur ce livre, j’ai trouvé des avis dithyrambiques comme des personnes qui n’avaient pas réussi à rentrer dans l’histoire, ou qui avaient détesté la fin ; visiblement peu de gens indifférents. Pour ma part je conseille sa lecture avec une toute petite réserve : à éviter si on se sent un peu fragile au moment de la lecture, parce que ça remue profondément.

Notes

(1) oui, je vais à la bibliothèque avec un cabas à roulettes. J’ai une famille qui aime lire et pas envie de me bousiller le dos.

(2) vraiment disparue, on ne sait pas ce qu’elle est devenue ; ce que je peux détester les euphémismes au sujet de la mort qui rendent indispensables des précisions absurdes comme celle-là…

mardi 27 mars 2018

Interférences, de Connie Willis, ou que faire quand on ne peut plus penser tranquille

Couverture du roman 'Interférences' de Connie WillisJ’aime beaucoup Connie Willis pour sa capacité sans faille à traiter des sujets plutôt étiquetés science-fiction (voyage dans le temps, télépathie) en y balançant des personnages en trois dimensions, imparfaits et joyeux. Voilà pourquoi, quand j’ai vu Interférences sur l’étagère des nouvelles acquisitions de ma médiathèque, j’ai bondi dessus avec la grâce de Tigrou.

Tout se passe dans un futur proche. Briddey a une vie survitaminée : un travail dans une boîte de télécommunications où radio couloir fonctionne très (trop) bien, une famille étouffante qui la bombarde de messages et s’inquiète si elle met plus de dix minutes à y répondre. Un jour, elle accepte de subir avec son petit ami, Trent, une opération chirurgicale supposée renforcer leur lien émotionnel. Or, quelques heures après l’opération, elle découvre qu’elle est connectée à quelqu’un d’autre, et ce n’est que le début de ses soucis.

J’ai lu le bouquin en deux jours, avec un grand plaisir, et le sentiment de découvrir quelque chose qui sort du moule. Ce n’est pas un roman de science-fiction classique, ce n’est pas non plus un roman feel-good classique, c’est un hybride qui fonctionne très bien, qui permet d’aborder les questions très actuelles de l’intimité, du caractère choisi ou subi de l’utilisation de nos téléphones portables, de la nature de nos connexions aux autres humains, mais le tout sur un ton de comédie, ce qui est très appréciable (les questions sérieuses sur fond de dystopie étouffante, c’est bien de temps en temps, mais au bout d’un moment ça plombe le moral). Bref, j’en recommande la lecture à tous ceux qui ont envie de se plonger la tête dans une histoire drôle et pas bête.

lundi 5 mars 2018

Nickel chrome !

Earrings by Petar Petkovski
Earrings by Petar Petkovski

Il y a quelques mois, des rougeurs au niveau des oreilles m’ont fait craindre une allergie au nickel. Les semaines qui ont suivi, je n’ai porté que les paires de boucles d’oreilles dont j’étais sûre qu’elles n’en contenaient pas, la vendeuse me l’ayant assuré. Après avoir quelque peu procrastiné, j’ai fini par acheter le petit kit qui me permettrait de tester toutes mes boucles d’oreilles, pour me débarrasser de celles qui contiendraient du nickel.

Je me suis installée dehors, pour éviter de trop respirer les produits chimiques du test, et j’ai étalé sur la table de jardin les bijoux incriminés. Le contrôle est assez amusant à faire ; il faut mélanger sur un coton-tige quelques gouttes de chaque produit, et frotter ledit coton sur la surface à tester pendant une trentaine de secondes. La solution vire au rose en présence de nickel.

J’ai mélangé soigneusement, frotté méticuleusement.

Heureusement pour moi qui adore les boucles d’oreilles, très peu de mes bijoux chéris contenaient du nickel, et sur les quelques paires qui ont réagi la plupart permettaient sans souci de récupérer le bijou en changeant seulement le fermoir.

Encore plus heureusement pour moi, je ne suis pas allergique au nickel. Parce que les boucles qui ont fait réagir le produit le plus rapidement étaient justement celles que j’avais portées pendant des semaines avant de faire le test.

jeudi 15 février 2018

Un soir

Sur la scène il y a des instruments : à gauche un piano, à droite un violoncelle, une clarinette, un hautbois. Les lumières s’éteignent dans la salle, s’intensifient sur la scène et trois femmes entrent, s’installent, piano, violoncelle, clarinette. Elles se mettent à jouer, le son est beau. Puis s’avance une femme aux cheveux rouges comme la vie, l’amour et la colère. Elle marche doucement, et commence à chanter.

Elle chante l’amour. Elle chante la colère. Elle chante la drôlerie, parfois grinçante, et toutes sortes de dignités. Elle nous offre des calamars à l’harmonica.

Cette femme, c’est Anne Sylvestre, une des chanteuses les plus douées de sa génération, une autrice/compositrice d’un talent immense, une femme qui est si présente sur scène qu’on sent qu’on vit quelque chose avec elle, bien au-delà du spectacle bien léché. Avec elle, chacun sent qu’il a une âme, et on voit la beauté de la sienne.

Sa tournée démarre tout doucement (apparemment peu de salles pour lui faire confiance, je ne le comprends pas) ; si elle passe tout près de chez vous, ruez-vous sur les places, et si elle n’y passe pas, vous pouvez vous consoler en écoutant le magnifique Florilège qu’elle a sorti pour fêter ses 60 ans de chanson.

mercredi 3 janvier 2018

Reprendre

Hard Work, by Andrew Neel (Unsplash)
Hard Work, par Andrew Neel

En septembre, j’ai repris mes études. 

Il y a une petite quinzaine d’années, j’ai quitté la fac, avec un diplôme qui me permettait d’exercer le métier que je visais, avec plein d’espoir et d’allant. J’y reviens aujourd’hui, dans les mêmes locaux, avec des années en plus, des enfants en plus, et je vise un métier différent. Non que le premier m’ait déçue , non. Mais la difficulté de trouver un autre emploi alors que je m’encroûtais dans celui où j’étais, mais l’envie de faire autre chose, de développer des qualités en moi que je ne soupçonnais pas il y a quinze ans, tout cela m’a poussée à faire un nouveau choix. 

Retrouver la fac, dont les locaux n’ont pas beaucoup changé, et où il fait toujours aussi froid l’hiver. Au début j’ai ressenti des émotions très fortes et un peu étrangères à ce que je vivais, j’ai fini par comprendre que c’était l’effet madeleine, que retrouver presque identiques les lieux où j’étais quand ma mère est morte, puis quand j’ai rencontré mon homme, tout cela faisait remonter à la surface des souvenirs ressentis plus que pensés. 

Retrouver la fac et ses contraintes, auxquelles je ne peux plus répondre comme il y a quinze ans ; une vie de mère et de femme amoureuse n’est pas une vie de jeune femme amoureuse. Il a fallu trouver de nouvelles réponses aux questions que je connaissais déjà, de nouvelles façons de travailler. 

Retrouver la fac et rencontrer des jeunes. C’est drôle parce que je suis sûre qu’il y a quinze ans la fac était fréquentée par des gens, rien de plus, et maintenant c’est bourré de jeunes. Heureusement que beaucoup d’entre eux supportent joyeusement mes cheveux blancs et mon humour de traviole. 

Retrouver la fac, pour un an au moins. Éspérer en sortir avec un autre diplôme, en route pour un autre métier. Croire que je pourrai y trouver de la joie et en donner aussi. Penser que les chemins les plus droits ne sont pas forcément les meilleurs. 

vendredi 29 décembre 2017

Le thé

Teapot by 童 彤
Teapot by 童 彤 

Les boules à thé, c’est mon père qui les a choisies pour moi il y a bien longtemps. 

La théière est arrivée dans un joli paquet porté par ma sœur.

On m’a offert le thé l’année dernière. 

Les tasses sont presque toutes des cadeaux. 

Il ne manquait que la petite soucoupe pour poser la boule à thé, celle que j’ai trouvée bien emballée à Noël : aujourd’hui mon thé n’est plus que gratitude. 

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