Mot-clé - Écrit Hebdo

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lundi 19 octobre 2020

Blancs

La semaine est blanche.

Blanche la blouse du kiné qui prend en charge mon grand fils. Pâles ses mots imprécis, beige le squelette qui orne son cabinet.

Blancs les murs de la psy qui s’occupe du plus jeune. Crème les chaises molles de la salle d’attente.

Blanches les boîtes des vaccins prévus pour demain. Blancs aussi les patchs anti-douleur à poser une heure avant.

Blanche enfin ma mine, comme par contagion.

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon, tag EcritHebdo. Cette semaine, il fallait écrire décrire sa journée en couleur. À vous ?

vendredi 18 septembre 2020

Dans ma ville

Dans ma ville il y a :
Autos peu mélodiques
Métro automatique
Bus et vélos (ah, chic !)

Dans ma ville il y a :
Béton gris, briques rouges
Chauffées à l’infrarouge
Quelques arbres qui bougent.

Dans ma ville il y a :
Plusieurs bibliothèques
Cinémas, ludothèques
Et marchands de milkshakes.

Dans ma ville il y a :
Des gens plutôt sympas
D’autres qui râlent, ou pas
Et puis il y a moi.

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon, tag EcritHebdo. Cette semaine, il fallait écrire un poème sur son village ou sa ville. À vous ?

mardi 5 mai 2020

Et puis après...

Et puis après, en ouvrant la porte, elle pensa qu’une porte devait être ouverte ou bleue, et que la sienne était rouge.

À cette simple idée, elle sentit des gouttes rouler sur ses joues.

Les gouttes étaient des larmes, elle le savait parce qu’elles étaient salées, pas comme la pluie.

Que faire avec sa porte ni verte ni bleue ? La repeindre ? L’oublier ?

Et avec les larmes, que faire ? A-t-on le droit de pleurer quand on porte un masque ? Et comment faire s’il pleut dehors ? Refermer la porte avec soi dedans ?

mardi 28 avril 2020

Choses pour lesquelles je n'éprouve aucun regret

  • Les pratiques managériales de mon antépénultième chef
  • Les discussions interminables qui aboutissaient invariablement à une impasse
  • La trouille que j’éprouvais parfois quand le téléphone sonnait
  • La poussière des bouquins qu’on ne prêtait pas assez souvent
  • Le rangement des ouvrages aux étiquettes décolorées jusqu’à l’illisibilité, tout près des fenêtres
  • Les couches, les couches, les couches
  • L’odeur de régurgitation sur l’épaule de mon aimé
  • Les cris au sortir du bain
  • Le regard torve de la psy pour qui clairement tout était ma faute, ontologiquement
  • L’angoisse des concours
  • Les dissertations
  • Les observations assassines de certains profs de la fac
  • Les remarques déplacées, souvent des mêmes
  • Le café dégueu de la cafétéria
  • Le crachotis du modem qui se connectait
  • La lumière qui baissait pendant l’attente du bus, m’obligeant à ranger mon livre
  • Le regard de certains membres d’un ancien club sur mes cheveux blancs
  • Microsoft Office
  • Les random dudes sur l’oiseau bleu qui venaient m’expliquer ma vie
  • L’impression de ne jamais être ou faire assez.

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, il fallait “écrire des inventaires sur le thème du temps : choses qui doivent être courtes, choses qui ne font que passer, choses qui doivent prendre du temps…” À vous ?

dimanche 19 avril 2020

Bonne nouvelle.

« Une bonne nouvelle ? Laisse-moi réfléchir. Elle doit être courte.

— C’est évident.

— Avec une chute.

— C’est préférable.

— Pleine de mystère.

— Ou de sorcières.

— Ou de magie.

— Ou pas, tant pis.

— En tout cas, elle ne peut pas être longue.

— Eh non. Sinon, c’est un roman. »

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, le thème était “Bonne nouvelle”.

mercredi 8 avril 2020

Étrange et pénétrant

Toutes les nuits, il rêve. Toutes les nuits, je l’entends rêver. Mon amant a le sommeil bruyant, et moi l’oreille fine…

Il murmure à minuit : “Ils seront ébaubis, ils vont voir ce qu’ils vont voir !”

Il marmonne à deux heures : “Mon adversaire est stupide, comment ses partisans peuvent-ils prendre tant de plaisir à l’écouter vitupérer ?”

Il sussure à quatre heures : “Conspué ! Ils m’ont conspué ! Comment ont-ils osé ?”

Au matin, je suis épuisé, mais je trouve tout de même la force de lui affirmer au petit déjeuner : “Toi, tu as encore rêvé que tu te présentais aux présidentielles.

- Exactement ! Comment le sais-tu ?”

Mon sourire se fait énigmatique ; je le laisse croire à mes mystérieux pouvoirs.

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, il fallait “utiliser les mots vitupérer, conspuer, ébaubir.”

lundi 30 mars 2020

Trente mots (et quelques rimes)

Trente mots et pas un de plus

Un octosyllabe bien nu

Mon cerveau remue tout entier

Mes doigts agitent mon clavier

La contrainte formelle sans

Un thème brise mon élan.

 

Ce texte est ma participation à un défi d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, le sujet était : “Trente mots, pas plus.”

vendredi 20 mars 2020

Les cerisiers en fleur

Ah tiens, les cerisiers fleurissent.

C’est ce que je me suis dit ce matin en regardant mes chaussettes. Je pratique une forme de magie assez peu commune, la magie chaussettière. Chaque matin, je plonge la main dans mon tiroir à chaussettes, à l’aveugle. J’enfile la paire que j’ai piochée sans la regarder. La journée est colorée par mes chaussettes, même, ce qui est souvent le cas, quand je porte des bottines et que personne ne les voit.

Quand je porte mes chaussettes jaunes avec des smileys souriants, je sais que rien n’entamera mon sourire.

Quand je porte mes chaussettes bleues avec des roses des vents, je peux être sûre de savoir où aller.

Quand je porte mes chaussettes orange avec des poulpes multicolores, la journée sera bizarre.

Quand je porte mes chaussettes noires avec des roses rouges, les amours seront belles.

Tous les dimanches je range les chaussettes que j’ai lavées pendant la semaine, et je remue le contenu du tiroir, pour garder la magie en vie. On croirait que cela assure une rotation régulière. Cela faisait pourtant quatre mois pleins que je n’avais pas trouvé sous mes doigts les chaussettes grises où figurent des cerisiers en fleur.

Jusqu’à ce matin.

Je ne sais pas ce que me réserve cette journée, mais il y a du renouveau dans l’air. Il était temps.

Ce texte est ma participation à un défit d’écriture lancé sur Mastodon. Cette semaine, le sujet était : “Ah tiens, les cerisiers fleurissent.”