Je suis devenue enseignante après avoir exercé des années un métier où j'avais des horaires fixes. Ma vie était simple alors : si j'étais au travail, je bossais (exception faite des toilettes et du coin café, et encore) ; si j'étais ailleurs, je ne bossais pas.
Les choses sont très différentes quand on enseigne (en tout cas en France). Les heures de cours sont fixes, mais pour tout le reste (correction, préparation, suivi des élèves...) on peut s'organiser comme on le souhaite.
Bon côté des choses : c'est une sacrée liberté de pouvoir bosser quand ça nous arrange, même à des moments où mon ancien bâtiment de travail serait fermé.
Mauvais côté des choses : ce n'est jamais “l'heure de partir” , il n'y a rien qui nous pousse arrêter de travailler, débrayer pour de bon.
Pendant des années, je me suis épuisée à la tâche, non seulement parce que la tâche était prenante (elle l'est !) mais surtout parce que quelque part dans ma tête, j'étais toujours au travail.
Heureusement, une collègue a fini par voir dans quel état j'étais, et me dire qu'il allait falloir faire preuve de discipline, et définir moi-même des heures où je bossais, et des heures où je ne bossais pas.
J'ai essayé sa méthode (horaires rigides) pendant un an, mais elle ne me convenait pas ; j'étais frustrée de ne pas me mettre au boulot quand j'en avais envie, et frustrée de consacrer au travail des heures où, cette semaine-là, j'avais l'opportunité de faire quelque chose d'autre.
Je me suis donc mise en quête d'autres trucs et astuces pour avoir un meilleur équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle, et voilà ce qui a fonctionné pour moi.
Déjà, j'ai créé un deuxième profil sur mon ordinateur ; je ne mélange plus les documents/activités personnelles et professionnelles. Mon bureau pro n'a pas le même fond d'écran, pas la même disposition, pas les mêmes icônes que celui de mon profil personnel ; ça m'aide à délimiter les périodes de travail.
Ensuite, si je n'observe plus d'horaires stricts (par exemple tous les jeudi de 14h à 17h), je choisis des plages horaires dédiées au travail, et des périodes sanctuarisées.
J'ai mis en place des filtres sur ma boîte mail (oui, on se sert de ma boîte mail perso au boulot... c'est trop tard pour changer ça dans cet établissement) pour que les messages envoyés par des collègues arrivent directement dans un dossier dédié que j'ignore industrieusement pendant mes périodes d'inactivité.
Last but not least, l'élément qui a probablement l'air ridicule mais qui me sauve le cerveau : le panonceau.
J'ai pris un petit bout de carton, ai écrit d'un côté “L'enseignante est là”, de l'autre côté “L'enseignante est sortie”, je le tourne dans le premier sens quand je commence à bosser et dans l'autre dès que j'ai fini.
Ça a l'air de rien. C'est un bout de carton. Pourtant, quand le boulot me tracasse à un moment où je ne bosse pas, penser à ce carton m'aide à arrêter le petit moulin ; on va s'occuper de ça, seulement, pas maintenant.
Derniers commentaires