vendredi 25 novembre 2016

Qui veut pisser debout ?

Tout a commencé par ce billet de Kozlika qui déplorait que sans pénis on ne puisse faire pipi debout, et recensait les méthodes pour se soulager dans des toilettes publiques sans (trop) se salir.

Je n’avais à l’époque (oui, ça date tout de même de 2007) pas osé publier en commentaire ma méthode personnelle qui consiste à poser les mains de part et d’autre de la lunette, s’asseoir sur ses mains, puis faire un petit mouvement de poignet pour attraper le papier par ses deux extrémités, de manière à pouvoir s’essuyer dans que les mains ne touchent l’entrejambe.

C’est en-dessous dudit billet qu’une moins timide que moi avait donné un lien vers un site Internet révélant qu’il existait des accessoires permettant de faire pipi debout même quand on est pas naturellement équipé pour.

J’avais trouvé l’idée rigolote ; elle m’est restée dans un coin de la tête, et quand j’en ai eu vraiment marre de devoir aller me cacher loin à chaque fois qu’une envie pressante me prenait en pleine nature, ou de repartir avec les mains dans un état déplorable des toilettes des bords d’autoroutes qui, non content d’être sales, ne permettent pas toujours de se laver les mains, j’ai investi dans cet engin.

Ça s’appelle un pisse-debout, et ça change la vie des personnes qui n’ont pas de pénis.

Plus besoin de se déculotter complètement quand on est dehors. Plus besoin de se salir les cuisses ou les mains dans des toilettes douteuses. Il suffit de l’avoir sur soi, de se déshabiller juste assez pour pouvoir se le glisser en-dessous de l’urètre et zou, on peut évacuer tranquille. Deux ou trois fois chez soi pour prendre le coup (c’est qu’il n’est pas forcément facile de relâcher le périnée dans cette position après des années à ne le faire qu’assise), et voilà, bienvenue la liberté ; on gagne même du temps, ce qui peut être précieux quand il y a plus de monde que de toilettes disponibles. Elle est pas belle la vie ?

vendredi 11 novembre 2016

Le faune est venu

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Il est venu me chercher.

Cela arrive parfois, n’est-ce pas ? La tristesse alourdit nos pas, on se laisse avancer sans but, et quand on lève les yeux on se rend compte qu’on ne pouvait pas arriver ailleurs.

Ainsi, le faune et moi.

La première fois, sorti d’une BD prise au hasard chez des amis lors d’une nuit d’insomnie, il est venu m’apporter du calme et de la paix au milieu de mes angoisses.

La deuxième fois pas plus tard qu’hier, alors que je traînais dans une bibliothèque sans trouver de quoi lire, il m’a fait signe sur sa couverture. J’ai reconnu mon vieil ami.

Il l’a redit qu’on pouvait, parfois, se servir de ce qu’on ressent comme une agression pour nourrir ce qui est essentiel pour nous.

Il m’a ramenée à l’humanité de chacun, à nos liens profonds avec les autres et avec la terre qui nous porte.

Il était, il est toujours, exactement ce dont j’avais besoin alors que je doutais et que j’avais peur.

Je vous parle de lui aujourd’hui par envie de partager de la beauté, de la force et de la douceur, parce que j’ai l’impression que nous sommes nombreux à en avoir besoin.

Parce que je pense que si nous arrivons à nous détourner de la fascination que provoquent les affreux, à nous définir par ce que nous voulons, ce que nous aimons, on pourra construire quelque chose de bien.

Avec, pour chacun, un faune sur l’épaule.

mercredi 27 juillet 2016

Regarder avec les oreilles

On parle toujours de regarder un film ; l’audition joue pourtant un grand rôle dans la perception du cinéma. Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Une mère et son fils étaient dans une salle de cinéma, prêts à profiter d’un film des studios Pixar. Comme vous le savez ou pas, les films Pixar sont souvent précédés d’un court-métrage d’animation. La mère, qui, je ne peux vous le cacher plus longtemps, était moi, aimait bien ces courts-métrages en général (son préféré étant For the Birds). Elle attendait le début avec impatience.

Voilà qu’à l’écran apparut un petit piaf en bord de mer, un petit piaf qui n’avait pas très envie d’aller chercher sa nourriture lui-même. Il était mignon, pensa notre personnage principal, mais sans plus. Et puis quelle drôle d’idée d’avoir choisi comme bande-son une chanson américaine franchement plus bruyante que musicale… Sans doute un parti-pris artistique, mais raté, pensa-t-elle. Elle regarda le petit film jusqu’à sa fin, et jugea qu’il n’y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard boiteux.

Après le court-métrage, l’écran resta noir une ou deux secondes, puis le grand film commença. Enfin… Côté image. Parce que côté son, c’était toujours de la variété made in USA. M’enfin ! C’est seulement à ce moment-là que les spectateurs ont percuté que de choix artistique bizarre il n’y avait point, juste un souci technique. Quelqu’un est sorti signaler le problème, et dix minutes plus tard on relançait le court-métrage, avec la bonne bande-son cette fois-ci.

Que croyez-vous qu’il arriva ? Quand ses oreilles perçurent le pépiement expressif de l’oisillon, la mère se sentit bien plus impliquée dans son histoire, et finit par classer le court-métrage bien haut dans la liste de ceux qu’elle avait vus. Le fils, lui aussi, préféra largement le deuxième visionnage

Vous me direz que j’enfonce des portes ouvertes ; j’en ai conscience. Le phénomène est bien documenté, j’en avais déjà entendu parler avant cette séance et il y a de bonnes chances pour que ce soit votre cas aussi. Il y a cependant une grande différence entre entendre parler d’un phénomène et l’expérimenter. J’en suis ressortie un peu plus humble, et plus consciente du pouvoir de mes oreilles sur ma perception d’un film.

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