La pendule

Tout a commencé très doucement. Devant mes yeux sont tombés deux ou trois rouages. Intriguée, je lui ai demandé des explications.

"On ne va pas en faire une pendule."

Au début ils n'étaient pas bien gênants, ces rouages. Puis ils se sont multipliés, et les ressorts sont apparus. Bientôt sur mon bureau il y avait un monceau de pièces en métal, au moindre faux mouvement ils me blessaient. Mon travail devenait difficile. Je suis allée lui en parler, bien sûr.

"On ne va pas en faire une pendule."

Plus tard sont venues les aiguilles. Dures à ignorer. Il disait que j'en faisais trop, que je comprenais mal, qu'il ne s'agissait pas vraiment d'horlogerie. Toujours la même phrase : "On ne va pas en faire une pendule."

Enfin j'ai vu choir en face de moi le cadran, le boitier.

Il y avait, enfin, de quoi en faire une pendule. Aussitôt que je l'ai assemblée, elle a sonné l'heure de tirer ma révérence.

J'ai écrit ce texte sur un thème des Impromptus Littéraires.

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