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mardi 27 mars 2018

Interférences, de Connie Willis, ou que faire quand on ne peut plus penser tranquille

Couverture du roman 'Interférences' de Connie WillisJ’aime beaucoup Connie Willis pour sa capacité sans faille à traiter des sujets plutôt étiquetés science-fiction (voyage dans le temps, télépathie) en y balançant des personnages en trois dimensions, imparfaits et joyeux. Voilà pourquoi, quand j’ai vu Interférences sur l’étagère des nouvelles acquisitions de ma médiathèque, j’ai bondi dessus avec la grâce de Tigrou.

Tout se passe dans un futur proche. Briddey a une vie survitaminée : un travail dans une boîte de télécommunications où radio couloir fonctionne très (trop) bien, une famille étouffante qui la bombarde de messages et s’inquiète si elle met plus de dix minutes à y répondre. Un jour, elle accepte de subir avec son petit ami, Trent, une opération chirurgicale supposée renforcer leur lien émotionnel. Or, quelques heures après l’opération, elle découvre qu’elle est connectée à quelqu’un d’autre, et ce n’est que le début de ses soucis.

J’ai lu le bouquin en deux jours, avec un grand plaisir, et le sentiment de découvrir quelque chose qui sort du moule. Ce n’est pas un roman de science-fiction classique, ce n’est pas non plus un roman feel-good classique, c’est un hybride qui fonctionne très bien, qui permet d’aborder les questions très actuelles de l’intimité, du caractère choisi ou subi de l’utilisation de nos téléphones portables, de la nature de nos connexions aux autres humains, mais le tout sur un ton de comédie, ce qui est très appréciable (les questions sérieuses sur fond de dystopie étouffante, c’est bien de temps en temps, mais au bout d’un moment ça plombe le moral). Bref, j’en recommande la lecture à tous ceux qui ont envie de se plonger la tête dans une histoire drôle et pas bête.

dimanche 8 janvier 2017

L'espace d'un an, de Becky Chambers

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Vous qui fuyez les romans de science-fiction parce que vous n'y voyez que bruit et fureur autour de personnages sans épaisseur, approchez ! Venez plus près, que je vous présente de la science-fiction comme on en voit peu (et c'est bien dommage).

Ashby, un Humain, est capitaine d'un vaisseau tunnelier, le Voyageur, dont le boulot consiste en gros à ouvrir des portails dimensionnels. À son bord se trouve un équipage d'une dizaine de personnes, certains Humains, mais aussi des représentants d'autres races intelligentes, différents de corps et de coutumes. Il y a enfin l'IA du vaisseau, qui a sa propre personnalité.

Ils partent pendant un an pour une mission particulière : créer le premier portail entre les mondes "civilisés" et un nouveau système désireux de les rejoindre.

Becky Chambers, l'auteur de cette merveille de roman, a un talent fou. Elle réussit à la fois à créer des races extraterrestres cohérentes, qui ne sont pas simplement "des humains à écailles" ou "des humains à 6 pattes", à donner à chaque personnage son identité propre, et à les faire évoluer les uns par rapport aux autres dans un cadre quasiment fermé. Son histoire est pleine d'humour et de tendresse, d'amour sous toutes ses formes. Il y a bien un peu de bruit et de fureur, mais les péripéties prennent au fond peu de place, et elles permettent de voir évoluer des personnages denses, quasiment réels, dont on finit par se soucier comme si on les connaissait. Si vous avez aimé la série Firefly, il y a de fortes chances que ce soit votre genre de bouquin.

L'espace d'un an est le premier roman que j'aie lu cette année ; si la suite est à la hauteur, 2017 sera un excellent cru pour la lecture.

jeudi 4 août 2016

Le vieil homme et la guerre et Les brigades fantômes de John Scalzi : les conflits futurs

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Ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur une série de science-fiction qui possède à la fois un univers original et des personnages intéressants. C'est pourquoi, quand on en trouve, il convient à mon avis de sauter dessus et de tout lire jusqu'à la dernière ligne (selon la disponibilité des livres et du lecteur).

Dans Le vieil homme et la guerre, John Perry a 75 ans et entre dans l'armée. Beaucoup de personnes de son âge font le même choix. S'agissant d'un roman de science-fiction, on peut penser que 75 ans est peut-être la fleur de l'âge dans cet univers ; ce n'est pas du tout le cas, les nouvelles recrues sont justement attirées par les rumeurs décrivant les techniques de rajeunissement révolutionnaires de l'armée. La réalité est encore au-delà de ces rumeurs.

Je ne vous dévoilerai pas les détails ; toujours est-il que John se retrouve avec la capacité de se battre, un ordinateur dans la tête qui lui permet de communiquer avec une intelligence centrale et avec les autres soldats, et qu'il va combattre au sein de l'armée humaine contre des extraterrestres très différents les uns des autres. John Scalzi, l'auteur, utilise son univers pour pousser à la reflexion sur l'identité, la violence et tout le reste ; ce n'est jamais lourd mais toujours intégré à une histoire tout bonnement passionnante.

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Les brigades fantômes se déroule après Le vieil homme et la guerre, on retrouve le même univers et un personnage, mais je pense qu'il peut se lire indépendamment. Le premier chapitre est une extrème réussite et le reste très bon aussi ; cette fois-ci nous suivons le soldat Jared Dirac, dont le corps a été cultivé pour permettre d'implanter les souvenirs de quelqu'un d'autre, un savant qui a trahi l'armée humaine. Là encore, moult pensées sur la notion de choix et l'identité, toujours assez bien intégré à une intrigue formidable pour que ce soit tout sauf rasant. Je vous recommande chaudement ces deux tomes (et je vais me procurer la suite aussi tôt que possible !)